⚠️ Avertissement : Monnaie virtuelle, risques réels. En crypto seul le risque est garanti. En savoir plus

Dans le monde des cryptoactifs, il est essentiel de rester vigilant. Depuis mai 2022, le nombre d’arnaques constatées est en augmentation continue. 

La raison : le marché des cryptoactifs connaît depuis cette date une phase baissière. Les escrocs tentent cependant d’abuser de la confiance de personnes non expertes dans ce secteur en promettant des rendements faramineux basés sur la tendance haussière des mois qui ont précédé le krach de mai 2022. 

Les avertissements sont nombreux mais malheureusement insuffisants (voir à ce sujet les avertissements de la FSMA en 2020, 2021 & 2022).

La presse se fait aussi l’écho de ces arnaques (lire ici l’enquête de l’Echo sur Trader House ou mon interview dans BeCrypto-Le Soir). 

Malgré ces avertissements et ces mises en garde répétées, les escrocs rivalisent d’ingéniosité et le nombre de victimes continue d’augmenter.

Cela fait des mois maintenant que j’accompagne des victimes dans ce type de situations et des similitudes sont présentes dans bon nombre de cas. 

Dans cet article, je les identifie pour permettre de comprendre comment distinguer une offre légitime d’une arnaque potentielle. Laissez-moi vous guider.

L’arnaque “boiler room” 

L’arnaque dite « boiler room » est une technique où des individus contactent des consommateurs, souvent par téléphone/messagerie (Whatsapp, Telegram, …) et sans invitation, pour leur offrir d’acheter des actions ou d’autres instruments financiers. Depuis quelques années, la gamme de produits et services offerts s’est élargie, incluant des cryptoactifs. Bien que ces « boiler rooms » se dépeignent comme des fournisseurs de services légitimes, avec des sites web bien conçus et des documents professionnels, ils sont en réalité frauduleux. Les offres qu’ils présentent sont soit fictives, soit sans réelle valeur.

Typiquement, le consommateur est séduit par un premier investissement modeste qui semble rapidement profitable. Mis en confiance, on lui demande ensuite d’augmenter progressivement ses mises. Les gains s’envolent et lorsqu’il tente de retirer ses fonds, on lui impose des conditions supplémentaires et coûteuses (paiement d’une provision « securit », taxes & impôts, commission de trading,…)

Les fraudeurs exercent une pression intense sur le consommateur, l’incitant à investir de plus en plus d’argent (d’où le terme « boiler room » qui évoque une pression élevée).

En fin de compte, le consommateur ne parvient jamais à récupérer les sommes investies.

Le cadre réglementaire : votre première ligne de défense

Tout d’abord, il est crucial de comprendre le contexte réglementaire entourant les crypto-actifs et plus généralement des produits financiers. Si une entité vous propose d’acheter ou de vendre des crypto-actifs contre de la monnaie traditionnelle (euro, dollar, etc.), elle doit être autorisée par un régulateur. C’est une condition sine qua non pour proposer ce type de service dans l’Union Européenne (surtout si vous êtes démarchés par la société).

Avant de vous engager, vérifiez toujours l’agrément de la plateforme.

Assurez vous toujours de connaître l’identité de l’entreprise qui vous propose des services financiers (nom officiel, adresse du siège, etc.). Si les informations d’une entreprise demeurent floues ou indéfinissables, il est préférable de ne pas lui faire confiance. De plus, si cette entreprise est basée hors de l’Union européenne, sachez que résoudre un éventuel litige pourrait s’avérer plus complexe en raison de sa localisation géographique.

Comment identifier la plateforme/le fournisseur de service ? En consultant son site web et en recherchant son numéro d’inscription auprès de l’autorité compétente du pays où elle est basée.

La FSMA et IOSCO ont mis en place des outils qui répertorient des entreprises irrégulièrement actives. 

Attention : l’absence de mise en garde concernant une société ne signifie pas automatiquement qu’elle est habilitée à offrir des services financiers. 

Bien que la FSMA s’efforce de publier rapidement des alertes, certaines entreprises peuvent opérer illégalement en Belgique sans être détectées. Il faut noter que ces entités malveillantes modifient souvent leur dénomination pour échapper à la surveillance des autorités.

Les signaux d’alerte : reconnaître les méthodes des escrocs

Méfiez-vous des méthodes employées par certains acteurs. 

Les escrocs ont élaboré une panoplie de techniques pour tromper les investisseurs, même les plus avertis. Reconnaître ces signaux d’alerte est essentiel pour se prémunir contre les arnaques :

  1. Promesses irréalistes : Des rendements exceptionnellement élevés promis en peu de temps sont souvent un signe d’arnaque. Si une offre semble trop belle pour être vraie, elle l’est probablement et vous devez vous en méfier. 
  1. Pression pour investir : Les escrocs utilisent souvent des tactiques de pression, affirmant que c’est une « opportunité à ne pas manquer » ou qu’il s’agit d’une « offre limitée dans le temps ». Cette manière de procéder est évidemment une tactique des escrocs pour vous contraindre à dépenser rapidement vos fonds.
  1. Manque de transparence : Si une plateforme ou une entité ne fournit pas d’informations claires sur ses opérations, ses propriétaires ou son siège social, c’est un indicateur d’une arnaque potentiel.
  1. Témoignages trop parfaits : Des témoignages d’investisseurs prétendument satisfaits, souvent accompagnés de photos d’individus prospères, peuvent être fabriqués pour tromper les nouveaux investisseurs.
  1. Demandes de paiement par des moyens non conventionnels : Les escrocs peuvent demander des paiements via des cartes-cadeaux, des transferts de fonds non traçables ou d’autres méthodes peu traditionnelles. Si vous devez créer un compte sur une plateforme d’échange de crypto-actifs (Binance, Kraken, Crypto.com,…) pour ensuite acheter des Bitcoins et les envoyer à la plateforme, c’est un très mauvais signe et une arnaque quasi assurée.
  1. Changements fréquents de nom ou d’identité : Comme mentionné précédemment, les entreprises malveillantes modifient souvent leur dénomination ou leur identité pour échapper à la détection. Dans les arnaques, on constate une multitude d’acteur, conseillers en investissement ou traders qui se succèdent pour “berner” la victime et donner corps à l’histoire. Il est fréquent que votre conseiller initial soit remplacé par une nouvelle personne en prétextant une série de raisons farfelues. Vous aurez aussi des contacts avec la hiérarchie (directeur financier (CFO), CEO,…) pour tenter de vous convaincre de continuer à verser des fonds.
  1. Absence de communication claire : Si une entreprise est difficile à contacter ou si elle ne répond pas de manière transparente à vos questions, cela peut être un signe d’arnaque.
  1. Sites web de mauvaise qualité : Une conception web bâclée, des fautes d’orthographe ou de grammaire, ou des liens non fonctionnels peuvent indiquer un manque de professionnalisme et, potentiellement, une arnaque.
  1. Demandes d’informations personnelles excessives : Soyez méfiant si on vous demande des informations qui ne semblent pas pertinentes pour l’opération envisagée, comme des détails personnels non liés à l’investissement.
  1. Absence de régulation : Comme indiqué précédemment, toute entité opérant dans le domaine des crypto-actifs doit être réglementée. Si ce n’est pas le cas, c’est un signe clair d’alerte.
  2. Mode de communication : Si quelqu’un vous propose d’effectuer des transactions en prenant le contrôle à distance de votre ordinateur (via des outils comme VPN, AnyDesk, TeamViewer,…), c’est un drapeau rouge. Imaginez-vous permettre à votre banquier d’accéder à votre ordinateur pour réaliser des opérations ? C’est impensable et, surtout, illégal.

Selon les recommandations de la FSMA, il est aussi nécessaire de : 

  1. Etre sur vos gardes face aux sollicitations non demandées: si vous recevez un appel ou un e-mail vous proposant une offre financière sans que vous l’ayez demandé, c’est souvent le prélude d’une tentative d’escroquerie.
  1. Etre prudent si l’on vous demande de transférer de l’argent vers des pays n’ayant aucun lien avec la société concernée ou votre lieu de résidence. Dans le cadre d’escroqueries comme les « boiler rooms », il est courant de demander des transferts vers des comptes étranger.
  1. Rester critique face à des gains mirobolants. Les escrocs aiment faire miroiter des profits importants dès le début. Les problèmes surgissent généralement lorsque vous souhaitez récupérer votre investissement.
  1. Ne pas prendre pour acquis les déclarations des entreprises. Certaines peuvent prétendre être réglementées alors qu’elles ne le sont pas. Toujours vérifier les informations reçues.
  1. Rester vigilant face aux entreprises « clones ». Ce sont des entités qui se font passer pour des entreprises légitimes sans y être affiliées. Vérifiez les adresses e-mail et les coordonnées pour repérer ces supercheries et ne vous faites pas avoir par du typosquatting.
  2. Exiger des explications claires de la part de votre interlocuteur. Ne mettez jamais d’argent dans quelque chose que vous ne comprenez pas pleinement.
  1. Redoubler de prudence si l’on vous demande un paiement supplémentaire ou un impôt pour accéder à vos gains. Ces requêtes sont souvent indicatives d’une arnaque.
  1. Les dirigeants d’entreprises doivent être particulièrement attentifs. Les « boiler rooms » ciblent souvent spécifiquement ce groupe.

L’approche sournoise des arnaqueurs

Les escrocs ont souvent une approche similaire : ils gagnent d’abord votre confiance avec de petits investissements, se montrent extrêmement dévoués, et certains vont même jusqu’à réaliser des opérations pour vous. 

Une fois en confiance, vous serez tenté d’investir davantage. Mais lorsque vous souhaiterez retirer vos fonds, les problèmes commenceront.

Ils pourraient vous demander de payer des taxes ou des impôts fictifs sur les gains réalisés. 

C’est une stratégie classique pour vous soutirer encore plus d’argent.

Voici des techniques que j’ai pu constater dans les arnaques rencontrées:

  1. La première impression : Les arnaqueurs investissent souvent dans des sites web professionnels et des supports marketing de haute qualité pour donner une première impression solide et légitime.
  2. L’urgence artificielle : Les escrocs créent souvent un sentiment d’urgence, insinuant que leur offre est limitée dans le temps ou que vous manquerez une opportunité « en or » si vous hésitez.
  3. Les gains initiaux : Pour gagner votre confiance, ils peuvent vous montrer des gains initiaux sur votre investissement. Ces gains sont fictifs, conçus pour vous inciter à investir davantage.
  4. Le secret: Ils peuvent vous conseiller de garder votre investissement secret, prétendant que c’est une opportunité exclusive ou pour éviter une surcharge de demandes. Cela vise à vous isoler des conseils extérieurs qui pourraient vous alerter sur l’arnaque.
  5. Les fausses références : Les escrocs peuvent présenter de fausses références ou témoignages d’autres « investisseurs » qui ont prétendument bénéficié de rendements élevés.
  6. L’évitement : Si vous posez des questions difficiles ou demandez des preuves de leur légitimité, ils peuvent esquiver, changer de sujet ou fournir des réponses vagues ou même de faux documents.
  7. Les demandes incessantes : Même après avoir investi, ils peuvent continuellement vous pousser à investir davantage, citant de nouvelles opportunités ou des risques qui nécessitent plus de capitaux.

Les pièges courants

Beaucoup se font piéger par des publicités sponsorisées sur les réseaux sociaux, mettant en avant des personnalités publiques vantant les mérites d’une plateforme.

Ne vous laissez pas duper : ces publicités sont souvent fausses. De plus, méfiez-vous des promesses de rendements mirobolants. Dans certains cas, votre premier investissement semblera fructueux, mais c’est une stratégie pour vous inciter à investir davantage.

Recovery room : la deuxième arnaque

Un dernier point concerne les services de recouvrement ou « recovery room ».

Les « recovery rooms » sont une forme d’escroquerie qui cible généralement des individus qui ont déjà été victimes d’une fraude antérieure.

Voici comment cela fonctionne et ce que vous devez savoir :

Fonctionnement des « recovery rooms »

  1. Contact initial : Les escrocs contactent une personne qui a déjà été victime d’une fraude, prétendant être des professionnels du secteur.
  2. Promesse de récupération : Ils promettent de récupérer l’argent perdu lors de la fraude initiale, moyennant des frais ou des charges à payer sur le montant récupéré.
  3. Frais à l’avance : Avant de pouvoir « récupérer » l’argent, les victimes sont souvent invitées à payer des frais initiaux, qui peuvent être présentés comme des frais juridiques, administratifs ou autres.
  4. Pas de récupération réelle : Une fois que les frais sont payés, les escrocs disparaissent généralement sans fournir le service promis. Dans certains cas, ils peuvent même revenir en demandant d’autres frais, prétendant que des complications sont survenues.

Ce qu’il faut retenir :

  • Cible des victimes précédentes : Les « recovery rooms » ciblent spécifiquement les personnes qui ont déjà été victimes d’escroqueries, car elles sont souvent désespérées de récupérer leur argent et peuvent être plus vulnérables à une nouvelle tromperie.
  • Recherchez les signaux d’alerte : Les demandes de paiement à l’avance, les garanties de récupération d’argent et les pressions pour agir rapidement sont autant de signaux d’alerte.
  • Ne payez jamais à l’avance : Les véritables services de récupération ne demandent pas de frais à l’avance pour vous verser l’argent perdu dans une fraude.
  • Faites des recherches : Si vous êtes contacté par une entreprise ou un individu prétendant pouvoir récupérer de l’argent perdu, faites des recherches approfondies sur eux avant de prendre une décision.
  • Rapportez les escroqueries : Si vous pensez avoir été contacté par une « recovery room » ou si vous avez été victime d’une telle escroquerie, signalez-le aux autorités compétentes.

En résumé, les « recovery rooms » sont une autre couche de l’escroquerie qui cible spécifiquement ceux qui ont déjà été victimes. Il est essentiel d’être vigilant et de toujours faire preuve de prudence, en particulier lorsqu’il s’agit de récupérer de l’argent perdu.

Que faire en cas d’arnaque?

La seule voie possible pour tenter de récupérer les fonds est de déposer plainte au pénal. En Belgique, seul le pouvoir judiciaire dispose du droit de procéder à des saisies ou des mesures contraignantes pour récupérer les fonds investis. L’avocat peut donc intervenir pour maximiser vos chances de récupération en déposant une plainte avec constitution de partie civile en main d’un juge d’instruction. Ce dernier dispose de pouvoir d’investigation plus important et est investi de prérogatives qui lui permettront de retrouver le ou les auteurs.

En plus d’une plainte pénale, il est possible de commander, auprès d’une entreprise spécialisée, un rapport de traçabilité et d’investigation relatif aux crypto-actifs qui ont été envoyés à l’escroc.

Le rapport de traçabilité ne permettra pas d’obtenir l’identité d’une personne mais uniquement l’identification des adresses par lesquelles vos crypto-actifs ont transité.

Après avoir récoltés ces informations, le rapport de traçabilité identifie les plateformes d’échanges centralisées (Centralized Exchange en anglais, ci après CEX) qui hébergeraient les adresses par lesquelles vos cryptoactifs ont transité.

Sur la base de ces éléments, le travail du juge d’instruction est facilité puisqu’il a un interlocuteur (un CEX) et une adresse. Les CEX ont un processus d’identification de client (KYC pour Know Your Customer en application des disposition de lutte contre le blanchiment de capitaux) et sont en mesure de transmettre les coordonnées personnelles de la personne qui utilise l’adresse sur le CEX.

A noter enfin que la dénonciation de ces arnaques est nécessaire car, un jour ou l’autre, les crypto-actifs seront identifiés. L’exemple le plus connu à ce sujet concerne le hack de Bitfinex qui a eu lieu en 2016. En 2021, les USA ont saisi près de 3 milliards de dollars en Bitcoin, qui provenait de ce piratage (lire sur le sujet ici et les sources citées).

Conclusion

La présente contribution a pour objectif de sensibiliser les personnes qui souhaitent répondre à des sollicitations similaires et qui ont des doutes sur la réalité et la légitimité des services qui leur sont proposés. A ce sujet, si le moindre doute existe, évitez d’investir car le nombre de fraudes est en forte croissance. En restant informé et vigilant, vous pouvez naviguer dans cet univers en toute sécurité. Avant de vous lancer, renseignez vous, posez des questions.

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